Santé des jeunes : deux nouvelles mesures régionales
Deux déclinaisons du parcours d’autonomie des jeunes imaginé par la Région ont été votées ce 18 juin en séance plénière du conseil régional : le Pass contraception pour les lycéens, l’aide à l’adhésion à une mutuelle pour les étudiants boursiers.
Pour information, la majorité présidentielle s'est abstenue.
Les difficultés socio-économiques, un système d’assurance maladie de moins en moins protecteur, ainsi que l’apparition de maladies liées aux nouveaux modes de vie et à un environnement dégradé (asthme, allergies, obésité…) jouent un rôle majeur dans l’état de santé des jeunes. À ces constats, s’ajoute une méconnaissance du parcours de soins qui conduit de fait à une mauvaise prise en charge de leur santé.
Ces inégalités, tant dans l’acquisition de bonnes pratiques que dans l’accès aux soins, constituent un enjeu primordial que la Région souhaite traiter rapidement, par la création de deux aides régionales qui doivent faciliter et sécuriser le parcours d‘autonomie des jeunes en les rendant acteurs de leur propre santé.
Une aide au financement d’une complémentaire santé pour les étudiants boursiers.
L’Île-de-France compte 586.000 étudiants de moins de 26 ans dont plus de 106.000 boursiers. Parmi ces derniers, 56.115 (les boursiers des échelons 6 à 4) bénéficient d’une couverture santé complémentaire (CMU-C) ou de l’aide à l’acquisition d’une complémentaire santé (ACS) de la part de l’État. Les revenus des quelque 50.600 autres boursiers (échelons de bourses 3 à 0) dépassent les seuils requis pour obtenir ces aides, alors qu’ils n’ont généralement pas les moyens de financer une mutuelle. La Région propose d’aider ces étudiants franciliens à souscrire à une complémentaire santé individuelle sans avance de frais : elle pourrait rembourser leur adhésion aux mutuelles dans la limite de 100 euros maximum par an. Ce montant garantit le remboursement à 100 % des soins courants et des hospitalisations.
Pour Laure Lechatellier, vice-présente en charge de l'action sociale, des formations sanitaires et sociales, de la santé et du handicap, l’effet est double : le dispositif permet d’abord aux jeunes qui n’avaient pas l’intention de consacrer un budget à une complémentaire santé de bénéficier sans frais du forfait de base des mutuelles étudiantes (Smerep et LMDE en Île-de-France) ; il devrait aussi faire « effet de levier, en incitant ceux qui souscrivaient déjà à une mutuelle à adhérer à un niveau de garantie supérieure ». L’aide pourrait être effective dès la rentrée universitaire 2010-2011 et devrait aussi concerner les quelque 100 bénéficiaires du Fonds régional d’aide sociale de la région ainsi que celui de l’État.
La Région pense d’ores et déjà à élargir le dispositif aux autres jeunes en difficulté. Et une étude devrait être lancée en juillet pour affiner l’offre régionale.
Création d’un Pass contraception
L’accès à la contraception, sans concertation parentale, est un droit pour les mineurs. Seulement, dans la réalité, les jeunes ayant besoin d’une contraception, régulière en particulier, sont confrontés à différents obstacles (manque de confidentialité du circuit de remboursement, financement, méconnaissance…). Pour permettre à ces jeunes Franciliennes et Franciliens d’accéder de façon anonyme et gratuite durant 3 à 6 mois à l’ensemble de l’offre contraceptive, au début de leur vie sexuelle et affective, la Région propose de mettre à leur disposition dans leur établissement scolaire un Pass comprenant différents coupons (consultation, prise de sang, analyses médicales, délivrance de tous contraceptifs pour trois mois).
Les élèves inscrits en classe de seconde ou niveau équivalent dans les lycées professionnels, Centres de formation des apprentis (CFA) ou formation sanitaire et social en seront les bénéficiaires prioritaires, l’âge moyen du premier rapport sexuel étant de 17 ans. Environ 77.000 filles et 82.000 garçons pourraient en bénéficier au début de l’année 2011.
Cette mesure qui vise notamment à faire reculer le nombre d’interruptions volontaires de grossesse (IVG) ou de grossesses non désirées réaffirme dans un même temps la politique régionale menée depuis 2006 en faveur de l’accès aux droits à la contraception et à l’IVG (soutien au planning familial, intervention du Crips sur la vie sexuelle et la prévention, financement d’échographes…).
La vice-présidente en charge des lycées, Henriette Zoughebi, a rencontré de nombreux proviseurs et infirmières scolaires pour élaborer ce dispositif avec Laure Lechatellier. Pour elle, la mise en œuvre de ce Pass répond aussi à une revendication forte du personnel éducatif : il donne la possibilité de parler de sexualité et des violences sexuelles. « Il est ressenti comme une mesure éducative (…) Il permet d’affirmer la liberté des jeunes femmes à disposer de leur corps ».